mardi 12 septembre 2023

Harcèlement, ce cauchemar

        Pourquoi ici? Car c'est facile. Car personne ne me voit, personne ne sait.

Car c'est mon cocon, car j'en ai envie, j'en ai besoin.

        Pourquoi aujourd'hui? Car j'ai eu une réflexion sur mes cheveux, car j'ai vu le magnifique téléfilm RESPIRE sur M6,  des souvenirs, beaucoup, douloureux, très, trop sont remontés.

Alors voilà, je fais ce qui m'aide dans ces cas là, j'écris... le publierais-je? Je ne sais pas..


A toi, la jeune fille de 10 ans en ce début de 6ème. A ce moi-là je vais écrire, mais si toi derrière ton écran tu te reconnais, tu as besoin de parler, fais le. Sans jugement, juste avec tes mots, nous chercherons une solution ensemble.



Ma chérie, tu entres en 6éme cette année. En 6e8 exactement, dans le collège au coin de ta rue. Enfin plutôt dans la rue de derrière. 

Fini le privé, désormais tu passes au public, tu perds ainsi tes amies. Remarque, tu n'en as jamais eu beaucoup, mais au moins ces personnes-là tu les connais. Tu sais que la bande de garçons aves laquelle tu parlais t'aurais aidé... 

Tu es ce que désormais on appelle une "tête d'ampoule". Tu bosses surtout. Comme une forcenée, mais ça personne ne le voit. C'est plus facile de juste t'embêter avec cela plutôt que se dire que tu le mérite. Oui tu vas tout déchirer, et ça ils vont le détester.

Ils vont détester ta différence. Déjà, tu as les cheveux courts. Et ca ca te met à part.

Ensuite, tu te retrouves seule. Alors que la plupart se connaissent, toi l'étrangère on te regarde bizarrement. Tu viens de chez les sœurs. C'est que, forcément, tu te crois mieux qu'eux.

Et puis, tu aimes les livres. Encore un truc louche pour eux.


Tout va démarrer d'une "blague". Enfin pour eux, la blague, pour toi j'emploierai le terme de cauchemar, d'horreur, d'assassinat.

Oui car cette jeune fille, enjouée et souriante, elle va disparaitre. D'effacée on va te dire grande gueule à mon grand âge. Car oui, même si tu ne crois pas cela possible, j'ai survécu. Je suis toujours là.

Tu n'auras jamais le cran de la sauter cette fenêtre, ce n'est pas faute de t'en approcher tout les soirs. De mettre les jambes dans le vide quand ce mot aura été prononcé tant de fois dans la journée. Mais promis, tu survivras.

Ce mot, cette insulte, la nommerais-je ici? Oserai-je? Cela vous permettra, à vous les ordures qui m'avait fait cela de me reconnaître alors je ne sais pas encore, peut-être plus loin...


Cette année de 6ème va être difficile, quand tu en parleras, personne ne te croiras. On te dira que ce n'est qu'une blague, que tu es susceptible, que ca leur passera, que ce n'est pas méchant.

A l'heure où j'écris, cela porte un nom : le Harcèlement. Et c'est puni par la loi. Mais pour l'heure ce n'est pas le cas, les profs ne sont pas formés, ils ne comprennent pas, ou plutôt, ils ne mesurent pas les conséquences psychologique.

Et oui après tout, comme je l'ai dit, tu n'as pas sauté, alors c'est comme si toi aussi tu validais que rien ne se passait.

Oui mais voilà, on le sait nous..

Car après la 6ème, il y aura la 5ème. puis la 4ème.

Ce mot a pris de l'ampleur. Ce n'est plus juste ceux de ta classe, non, désormais, c'est une grosse partie du collège, même eux que tu ne connais pas. Et cela en sort aussi. Quand tu les croises dans la rue, ils rigolent.

Tes notes s'en ressentent, et malgré cette formidable CPE qui t'ouvre on bureau dès qu'elle le peut, tu es confrontée à eux si souvent que cela devient une obsession.

Tu ne sais pas mais tu imagines. Si tu entend rire, c'est forcément car on rit e toi. Si tu entend chuchoter, c'est forcément sur ce mot.. FOUFOUNE.

Mais promis, tiens bon. On va te faire redoubler, et là ca ira mieux. Tu vas avoir plusieurs amis, toi l'associable. D'abord des marginaux, un peu comme toi, puis des enfants de profs puis leurs amis. Alors tu ne sera pas forcément proche d'eux, mais leur présence à tes côtés, suffira à éloigner les ordures de ton passage.

Puis tu grandiras, et enfin en post-bac tu t'en débarrasseras. Tu auras déjà rencontré celui qui t'aidera à te reconstruire. Qui ne saura pas tout, mais qui t'aimera.

Car oui, tu le mérites. Ils avaient tort tu es importante. 

Tu vas les recroiser, l'une de ces ordures va se retrouver devant toi par des amis commun, invité à une soirée. Et là, devant les amis de ton homme, qui sont aussi un peu les tiens déjà,  qui ignorait tout, elle va commencer à se moquer de nouveau de toi.

Tu n'auras pas le cran d'ouvrir la bouche, ni le temps.. car les amis de ton mari, vont te défendre, et c'est elle qui se fera rabrouer, et à qui on demandera de se taire.

On l'a un peu malmenée d'ailleurs ensuite. Tu n'aurais pas dû laisser faire. Mais, tu as ressenti une telle joie sur le moment que tu ne t'ai pas rendu compte que tu faisais, dans une moindre mesure, ce que l'on t'avait fait, on lui fait en l'affublant d'un surnom ridicule. La seule différence c'est que vous n'avez jamais eu le cran de lui dire.. Bien une preuve que tu n'es pas blanche non plus. Vous aussi vous rigolerez d'elle. Le sait-elle? L'a-t-on blessée? J'en suis navrée aujourd'hui.

Mais quand celle qui a introduit cette personne dans ton cercle t'annonce qu'en prime tu devrais accepter de voir J. Celle qui a trouvé drôle de recommencer au lycée ou du moins d'essayer, car là elle n'avait plus de poids. Car là tu as su utiliser les mots pour la rabaisser. Non là tu tiendras bon. Malgré les années, il y a une chose que tu ne feras jamais : PARDONNER

Mais qui pourrait te reprocher de leurs souhaiter à tous qu'ils deviennent la cible de leurs propres comportements? 

Après tout, même si, désormais nous avons une purée de carapace, tu souffriras toujours en y repensant. Tu seras toujours un peu fragile, un peu bancale. Et surtout, tu es devenue susceptible. Tu ne supporte pas le non-dit, tu rentres dans le lard, tu gueule fort, tu protège tes enfants et tu es d'ailleurs trop encline à crier quand un autre enfant s'en prend à eux. Mais qui pour te le reprocher? Comment pourraient-ils? Après tout est-ce eux qui avait peur dans les couloirs?

Est ce eux qui trainait pour partir une fois les rues vides? Qui restait cloitré pour ne croiser personne, qui n'allait pas au stade rejoindre ceux de son âge mais préféré la bibliothèque pour t'évader?

Mais tu sais quoi garde la tête haute. Résiste leur. Il y a une chose qu'ils n'auront jamais eu. Du moins pas en face d'eux, et que tu as réussit à garder : TES LARMES.. et ta RESILIENCE.

Tu es une battante et cette force va te mener loin. Tu seras toujours sauvage, mais désormais tu t'en fous. Tu survivras à beaucoup de perte, mais tu es toujours là.

Malgré les idées pas toujours belles, malgré les jours pas toujours simple. TU ES LA

Tu es forte, rien ne t'arrêtera. Et tu sais quoi? Tu commence même à oublier leurs noms.. 

Par contre, je vais te dire ce que jamais ils n'ont dit. Ce que tu aurais aimé entendre. Même maintenant.


On est désolés. On a été cons.



Si ces mots te parlent. n'hésite pas à utiliser les commentaires.

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